Colloque – du 14 au 16 mars 2019

Organisateurs : C. Leblanc

ICL avec IEFR, AFHJ, Association Buchenwald Dora & Kommandos, ONAC, Centre culturel du monde arabe, FIUC, Centre culturel du monde arabe de Roubaix, Fondation pour la mémoire de la déportation

Lieu : Université catholique de Lille,  60 Bd Vauban – salle 247

Coût : 25 € ; gratuit pour les étudiants

Inscription obligatoire/Repas : 20 €

Renseignements & Inscriptions : 06 82 54 95 07 cathy.leblanc@univ-catholille.fr

En s’appuyant sur une stratégie communicationnelle très spécifique, le régime de l’extrême droite nazie a réussi à triompher démocratiquement en Allemagne en 1933. Cette stratégie communicationnelle est fondée sur une ontologie redoutable reposant sur un système binaire : il y a dans le monde les hommes dont la vie vaut la peine d’être vécue et de l’autre les « nuisibles », ceux dont la vie ne vaut pas la peine d’être vécue (lebensunwertes Leben). Ils sont assimilés soit à des insectes, soit à des numéros, notamment. Ce régime n’hésite pas à placarder des formules d’une rare violence comme « die Juden sind unser Unglück » ou à qualifier des peuples comme les Tsiganes de « fainéants ». On propose en contraste, une image du peuple allemand composé d’hommes forts et sveltes qui arborent toutes les vertus : en témoigne le film réalisé par Leni von Riefenstahl pour les jeux olympiques de Berlin.

Le langage permettant la destruction humaine se vide de toute émotion. Ainsi en va-t-il des codes des programmes de destruction (Aktion T4, Aktion 14f13). Il devient le langage à la fois le langage de l’efficience et celui de l’hygiénisme. Dans le procès de Eichmann le procureur fait référence au bureau 4B4. Derrière le code, se trouve la responsabilité du département des affaires juives du service de répression. Des termes comme “nettoyages” sont utilisés pour justifier les crimes de masse.

Ce langage apparaît très tôt dans les procédures d’extermination qui eurent lieu au XXème siècle. On pense au génocide des Héréros et des Namas en 1904, en Afrique du sud.

Outre les études qui ont été faites de ce langage vidé d’humanité et essentiellement fonctionnaliste, telle celle de Klemperer, se trouve celle de Kafka, qui pressentait littérairement la montée d’un hyper-autoritarisme administratif et juridique.

A côté de ce langage d’un pouvoir destructeur, se trouve celui de la victime déshumanisée pour un temps. Dans un ouvrage intitulé Bourreaux et Victimes, psychologie de la torture, Paris, Odile Jacob, 1999, Françoise Sironi met face à face bourreau et victime et explique que pour pouvoir espérer soulager ou simplement comprendre la victime, il faut connaître l’intention du bourreau. Plus largement, notre orientation dans ce colloque sera de mettre en vis-à-vis, le langage de l’administration nazie, sa sémantique et le langage des déportés, fait à la fois de récits d’une vie fragmentée ou éclatée, mais aussi de formules ou ressources langagières relatives à la quotidienneté du camp. Nous ne laisserons pas de côté la part d’indicible ni les maladies du langage comme l’aphasie.

Programme

• Jeudi 14 mars 2019

INTRODUCTION

10.00-10.15 Cathy Leblanc, UCLille, BDK, AFMD-DT59, ICL. Introduction

SURVIVRE DANS LES CAMPS

10.15-10.45 Charles Coutel (Université d’Artois, IEFR), Sur un épisode de Si c’est un homme de Primo Levi

10.45-11.00 Questions

11.00-11.30 Dominique Durand (Association des Anciens déportés de Buchenwald), Comprendre l’allemand des camps, élaborer une langue commune : le langage des déportés.

11.30–11.45 Questions

11.45-12.15 Mary Honan (Dublin City University), Shoah Childhood, Deportation, and the creative language of universality and of protection

12.15-12.30 Questions

PAUSE DEJEUNER

14.30-15.00 Pol Vandevelde (Université Marquette de Milwaukee, USA), La Parole comme reconnaissance de la vulnérabilité

15.00-15.15 Questions

DES MOTS POUR LA MORT

15.15-15.45 Hans Böttcher, magistrat, TGI Lübek (Allemagne), De la loi à la reconstitution de la fonction publique (Gesetz zur Wiederher-stellung des Berufsbeamtentums) du 7 avril 1933 : « épuration » de la fonction publique, prélude aux lois de Nuremberg du 7 septembre 1935

15.45-16.00 Questions

16.00-16.20 PAUSE

16.20-16.40 Odile Louage (AFMD-Dt59), Les Arguments de la propagande

16.40-16.55 Questions

OUVERTURE

16.55-17.25 Christophe Perrin (Université de Louvain-la-Neuve), Retour de Babel ou l’humanité au bout de la langue

17.25-17.40 Questions

• Vendredi 15 mars 2019

DES MOTS POUR LA MORT (Suite)

10.00-10.30 Monique Heddebaut (Education Nationale), Approche du langage administratif du IIIème Reich

10.30-10.45 Questions

10.45-11.15 Sylvie Humbert (Université catholique de Lille, AFHJ), Le Juste Discours du droit (des mots pour le dire, des mots pour le faire) générateur de risques injustes : l’exemple des génocides et la vulnérabilité des peuples.

11.15-11.30 Questions

11.30-12.00 Denis Salas (AFHJ, ENM), La Langue de l’antisémitisme chez Louis Ferdinand Céline

12.00-12.15 Questions

PAUSE DEJEUNER

LA PAROLE TRAUMATIQUE

14.00-14.30 Renato Boccali (Université Libre des Langue et communication, Milan), Aphasie et murmure du silence : la parole en exil du témoin 

14.30-15.00 Olivier Rota (Université d’Artois, CREHS, IEFR), Élie Wiesel, des silences pour dire la Shoah

15.00-15.30 Questions

15.30-16.00 PAUSE

16.00-16.30 Serge Raymond (FMD), Le Langage des sous-vivants, le retour des camps et la question de la reconnaissance

16.30-16.45 Questions

16.45-17.15. Karl Thir (Centre Viktor Frankl), La Logothérapie : une parole salutaire basée sur le sens

17.15-17.45 Questions et discussion

• Samedi 16 mars 2019

PERSPECTIVES

9.15-9.45 Adrien Louandre (Université de Picardie), Exprimer la foi chrétienne dans les camps

9.45-10.00 Questions

10.00-10.30 Isabelle de Menequem (Université de Reims), Montaigne et l’antisémitisme contemporain

10.30-11.00 Cathy Leblanc (Université catholique de Lille), La Leçon

11.00-11.15 Questions

11.15-11.30 PAUSE

11.30-12.00 Pierre Outteryck Le Silence, nécessité et choix

12.00-12.30 Questions et débat de clôture

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